jeudi 19 avril 2007





Echange artistique.

Mardi trois avril, vers trois heures trente du matin, depart depuis la gare routière déservant les bus de la compagnie Eurolines, direction la Lituanie, traversee de nombreux pays. Arrivee a Kaunas au petit matin, je demande au chauffeur du premier taxi appercu de se diriger vers l'aéroport. Ainsi, sans pouvoir un seul instant expliquer les raisons de cette décision abrupte de détourner la bourse qui m'avais été octroyée par la ville de Strasbourg pour un séjour dans le nord de l'Europe, je m'envolais à présent, en ce jour de mes trente six ans vers le Japon.
L'imprévisibilité artistique comme noyau de toute performance n'entrait que peu dans les considérations qui m'avaient effectivement amenées à ce geste, ainsi j'étais attendue à Kaunas et demain soir je verrais le soleil se coucher sur Tokyo et partirais à le recherche d'une chambre dans un hôtel de la ville que le hasard me fera choisir où un autre motif à venir.

Peut-être simplement cette baguette de bois, ramassée le jour d'avant, dont l'indispensable double manquait à lui rendre un quelconque usage culinaire, mais dont les incrustations en lignes simples de bois clair et m'évoquant la forme d'un sourire, avaient fait qu'après de longues hésitation j'avais fini par me décider à la conserver et à l'ajouter au volume de mes bagages, tout en ne sachant guère à quoi elle pourrait me servir si ce n'est à me tenir lieu de bizarre compagnie. A cela s'ajoute qu'a l'indispensable ensemble de livres dont il m'est habituel de m'équiper comme ont le ferais pour toute randonnée sur un glacier de piolets et de chaussures appropriées en effet je ne voyage jamais sans une mini- bibliothèque concentrée et choisie. C'est ainsi que les "notes de chevet" de Sei Shonagon faisaient cette fois-là partie de mon équipée de trois mois à destination de la Lituanie. Choix que je présageais agréable, modèle d'acuité, d'attention finement délicieuse aux choses nous entourent et particulièrement adapté pour l'exercice du voyage comme le sont aussi les listes.
Je me souviens aussi tout à fait bien d'une errance des jours d' avant départ, où dans une librairie, flânant d' ouvrages en documents je notais incidemment l'indication selon laquelle l'âge de trente six ans avait été celui où l'aventurière des Orients Alexandra, avait "tout lâché" pour un périple dont le nombre des années ne pouvais alors pas même effleurer son entendement.
Tout ceci je me trouve à vous le blogger depuis ma chambre d'hôtel, chambre au goût de simplicité , ici la clarté diaphane d'un impalpable ailleurs.


ma chambre a Tokyo origami de table



vue de ma fenetre

L'architecture et le chien King Tao.

Après plusieurs jours passés dans ma chambre de Tokyo parcourant une carte du pays à la recherches de quelque itinéraire, je pose trois cailloux sur sa surface, dessine leurs contours, puis les déposant de côté, je décide d'en suivre les tracés circulaires et de me rendre dans toutes les villes qui entreraient en contact avec la ligne du cailloux un, puis en suite du cailloux deux, celui trouvé en second à la sortie de l'hôtel, puis enfin du troisième ovale et blanc neige, qui trâçe la plus longue ligne sur le papier coloré de ma carte empiétant de-ci-delà sur la mer, rejoignant quelques flocons d'îles.
Mais comment trouver un début à un tracé circulaire voilà ce qui me préoccupait, me penchant sur l'itinéraire cailloux numéro un.
Je décide d'observer le nom des villes ou villages qui se voient traversés par le tracé et m'arrête à la ville de Kaono, choix sans doute motivé par la proximité sonore avec ma destination initiale et atténuant légèrement l'idée d'avoir manqué à mes engagements.
Pour mon premier jour à Kaonocity, environs 380 000 habitants, je décide d'explorer les faubourgs proches du centre où je suis installée.
Les maisons de bois me font tout de suite tripper, leur art de plier les surfaces, de multiplier les volumes dans un espace restreint, origamis colorés, marqués par le passage du temps, décorés avec simplicité toujours juste inventifs.








J'y ai trouvé mes premier dragons et n'ai pas manqué de faire un voeux en
posant un cailloux près d'un autre.
Un peu plus loin j'ai rencontré celui que je décidais de nommer King Tao, d'une immobilité parfaite alors que je prends plus d'une dizaines de photos de son impressionnante présence, il ne bouge pas d'un millimètre durant toute mon affaire de réglages, garde de pierre de l'extrême dissuasif par sérénité à toute épreuve, tel un adage du Tao rappelant "qui fait le moins fait le plus".
En partant je trébuche sur quelques uns de ses os et remarque qu'il sais aussi écrire, de bons présages.







Cérémonies, hotels et vénérations.

Explorant chaque jour ce qui m'entoure je ne manquais pas de remarquer un peu partout des signes de dévotion et de ferveur sous la forme de petits hôtels votifs dédiés à des événements marquants ou faisant partie d'une pratique quotidienne, tout était signe, hommage, mémoire d'un lieu ou d'une présence, le sacré et la nature sont partie intégrante de la ville, leur fonction est en permanence réactivée par l'attachement et les actes qui s'y rapportent.
Le premier Hôtel rencontré, installé dans une niche de pierre étais dédié, ce que j'apprit plus tard, au serpent géant Nemuna et à l'éléphant blanc Neris, il s'agirais d'une ancienne légende pré-boudhique, qui rends grâce à la fertilité et aux rivières. En effet la ville est ceinturée de deux rivières se séparant (à l'endroit appelé précisément la langue du serpent).
En anglais je tentais de comprendre auprès de quelques passants d'une incomparable gentillesse et patience l'histoire suivante : Au temps très anciens alors que la terre n'avait pas encore sa forme actuelle, une seule rivière la traversais et cette rivière était également la demeure du serpent Nemuna. De ce fait quiconque souhaitais s'abreuver devait risquer à chaque tentative sa vie afin d'éteindre sa soif, et beaucoup périrent ainsi dans l'estomac du serpent géant.
Sur les rives chacun se lamentait et tremblait d'approcher ce lieu pourtant vital. Un jour arriva un animal jusque là inconnu, un jeune éléphant blanc qui à l'étonnement général s'approcha du fleuve serpent sans même hésiter bu tranquillement et se coucha sur la rive les pattes repliées, la trompe détendue il s'endormit tout à son aise. La rivière serpent géant ne manqua pas d'apercevoir cette présence inaccoutumée et si paisible sur son territoire, et comme l'éléphant Neris dormait la trompe et la queue étalés d'aise et les pattes repliées, le serpent d'abord méfiant en voyant pour la première fois ce qui semblait être un se ses congénères se ravisa étant donné la taille tout à fait ridicule de ce spécimen de semblable.
Il nota néanmoins l'étonnante enflure au centre de son corps qui démesurée comparativement à sa taille devait dénoter un appétit hors du commun et une souplesse sans égale. Il se décida donc à réveiller le personnage en question pour l'interroger sur comment pareille chose fût possible.
Hé toi petit serpent blanc comment peut tu enfler pareillement ta panse et avaler de si considérables repas, quel vorace appétit t'anime donc ?
Le petit éléphant blanc sans bouger d'un pouce lui répondit négligemment et avec une pointe d'arrogance, juste ce qu'il fallait pour l'échauffer:
"ma pense si tendue l'est par l'eau de ta rivière que j'ai bue, et ceci n'a rien d'étonnant pour moi car de mon corps je peux faire des prodiges que ton imagination ne pourra jamais même approcher "
Et quels prodiges je te prie répondit-il ?
Alors tout simplement l'éléphant se leva tranquillement et remua ses oreilles, " tu vois je peux étirer mon corps et y faire naître un temple sur quatre piliers au dessus duquel vole un papillon géant et gracieux, qu'en dis -tu cher Nemuna ?
Décontenancé mais ne voulant rien laisser paraître il s'écria " Balivernes que cela, regarde, moi j'en fairais tout autant et bien plus encore" et il se mit aussitôt à boire boire et boire encore l'eau de sa rivière au point d'enfler si considérablement que son corps n'y tins plus et se disloqua en multiples morceaux épars, et c'est ainsi que la terre a présent compte de multiples rivières et non plus une seule. Certains dirent que Nemuna ne mourus pas dans cette affaire car on ne retrouva jamais sa tête, mais qu'il se fit tout petit et fuyant pour ne jamais pouvoir être aperçu d'un éléphant.
Ainsi à Kaono on vénère par des objets et des offrandes la mémoire de Nemuna qui sans son orgueuil n'aurais pas permis la naissance des rivières généreuses et de la fertilité qui en résulte, et Néris l'éléphant blanc pour son calme et son sens de la poésie.

Flamme des guerriers et de la liberte Ceremonies du printemps Pagode des guerriers







flamme des guerriers et de la liberte